Les bases du trois couches « en zénithal », par J-B Pegourié

Jean-Baptiste, il y a quelques années avait eu la gentillesse d’effectuer ce superbe tutoriel (il faut dire que j’avais été particulièrement pénible avec lui ) qui avait été publié également sur le forum de l’art de la Guerre sous le pseudo de « duschmurtz ». Vu la qualité de son tutoriel, et comme il m’avait alors autorisé à le faire, je le publie ici également. C’est également pour moi l’occasion de rendre un hommage à Alain Touller, l’excellent sculpteur français qui nous a quitté récemment.

Il y a longtemps que j’avais promis alors c’est parti.
Je l’enrichirai au fur et à mesure de la progression.
Le but de ce tuto est de faire une présentation des techniques de base pour donner un effet très lumineux ainsi que de magnifier les reliefs.
Utiliser trois couches peut paraître long.
Ça l’est !
Surtout au début, époque des tâtonnements plus ou moins empiriques. Donc cela s’adresse à celui ou celle qui n’attend pas après son armée pour le tournoi à la fin de la semaine…
J’ai quelques Scythes Museum et Touller qui gémissent dans les sachets depuis des lustres (ce doit être l’appel du pigment), ce sera l’occasion de rappeler les techniques en suivant pas à pas leur évolution.
Commençons par la cavalerie lourde de chez Museum.
Manque de bol, une lance est cassée.

On coupe au cutter la partie au delà de la poignée. Comme cette dernière est d’un diamètre supérieur à la hampe, cela permettra de faire un trou assez grand pour y introduire un poil de balai de chantier sans qu’il n’y ait trop de différence visible entre la nouvelle partie et le reste de la lance. (ouf ! ça c’est de la phrase !).

Voilà, notre futur socle est au rendez-vous. Prêt pour la sous couche.
Les figurines sont fixée à la colle à bois sur des capsules de bouteille.
Avantage de la colle à bois: ça tient bien et c’est facile à enlever sur du plastique.
Avantage de la capsule de bouteille : on a une excellente prise en mains et le petit diamètre permet un accès facile aux zones reculées.
Pour la lance c’est très simple : on écrase une extrémité à la pince et on taille la forme au cutter.

Avant d’aborder la sous couche noire, deux trois bricoles à propos du matériel :

Les pinceaux. Deux suffiront.
Il faut impérativement de la qualité extra pour l’application des couleurs. De la martre Kolinsky en taille 0 ou 00. Ce qui compte c’est la finesse de la pointe et la souplesse/rigidité du réservoir. Oubliez les marques de figurines. Ces pinceaux ne tiennent pas dans le temps. En revanche pour les brossages à sec ils sont parfaits.
Cette méthode étant agressive, pas besoin de dépenser trop pour un pinceau qui sera vite en forme d’accessoire de wc.

La palette humide.
Ceci est une révolution (avec l’accent américain).
Pour ceux qui ne connaissent pas, il suffit d’une assiette, d’un essuie tout en éponge ou de plusieurs couches de Sopalin et d’une feuille de papier sulfurisé (rayon cuisson). On humidifie la matière éponge afin qu’elle soit bien mouillée et on pose le papier dessus. La semi capillarité du papier sulfurisé permettra une humidification constante de la peinture et prolongera donc sa durée de vie. Mais surtout le mélange gardera l’onctuosité obligatoire pour les glacis ultérieurs quand on procèdera aux éclaircissements. Pour ma part, c’est devenu absolument nécessaire.

Le mélangeur à peinture.
Si vous en avez marre de secouer le pot pendant trois heures pour avoir un truc en forme de pâte qui ressemble à de la peinture, voici un petit bricolage bien utile :

Avec un peu de corde à piano et une mini perceuse. On donne une forme à une extrémité avec une pince sans oublier que ladite forme doit rentrer dans le pot !

On met en route et le tour est joué en quelques secondes. Attention aux éclaboussures, stoppez la perceuse avant de sortir l’engin !!!
J’utilise deux pots pour l’eau, un pour l’eau propre (celle qui dilue la peinture) et un pour l’eau sale (celle qui nettoie les pinceaux).

La sous couche noire.
J’ai préféré sous coucher en noir car il y a beaucoup de parties métalliques à faire en brossage à sec. Le surlignage sera également facilité. Inconvénient: la couche de base, ou si vous préférez la première couche de couleur, devra être impeccable et bien dosée. Pas trop épaisse (reliefs et sillons parasites) et pas trop fine (noir en transparence). Un ratio de 1/1 (volume d’eau/volume de peinture) sera correct.
Pour la sous couche noire proprement dite, je préfère une application au pinceau. De la peinture noire mate bien diluée (2:1 ou 3:1). Ça permet de ne pas boucher les reliefs, on en aura besoin. Mieux vaut deux couches fines qu’une seule trop épaisse. Sinon il faut un bon apprentissage de la bombe pour ceux qui préfèrent.

L’éclairage zénithal.
Assimiler ce concept progressivement est certainement l’une des grandes satisfactions de l’amateur de belles peintures.
La couleur c’est de la lumière. Le relief, c’est de la quantité de lumière, de la clarté à certains endroits, de l’ombre à d’autres.
Nous allons donc appliquer ces principes en imaginant en permanence une source de lumière qui vient d’en haut (zénithale). Il ne faudra pas hésiter à exagérer avant de trouver les subtils équilibres entre ombre et clarté. Il va falloir dans un premier temps repérer les zones d’ombre et les endroits où la lumière « accroche ». Ensuite il faudra peindre les zones d’ombre en plus foncé et les zones d’accroche de la lumière en plus clair. nous le ferons en trois couches successives afin d’avoir un ton intermédiaire qui fera la liaison.
Pour mieux repérer ces zones, j’ai modifié les contrastes d’une photo en indiquant en rouge les points de lumière et en bleu les zones d’ombre. Il faudra retenir cela lors de l’application de la peinture.

Il y a des endroits non indiqués comme les bras ou le carquois, mais le principe est le même.
L’ordre d’application des couleurs peut varier. Certains appliquent une couche de base puis ombrent puis éclaircissent. Pour ma part, la couche de base est la plus foncée puis j’éclaircis une fois et encore une fois.
Nous allons commencer par les parties métalliques car le brossage à sec « éclabousse » partout. Nous aurons trois métaux : fer, bronze et or (c’est une nouveauté en biologie cellulaire, les métaux scythes).

Le fer.
Ce sont les peintures Games Workshop qui ont ma faveur en ce moment. Pigments fins, bonne concentration.
En couche de base : Boltgun metal.
Eclaircie 1 : Chainmail.
Eclaircie 2 : Mithril silver.

Le brossage à sec, contrairement à son nom se fait avec de la peinture diluée ! D’ailleurs, d’une manière générale on n’utilise jamais la peinture telle quelle en sortie de pot. Les propriétés de l’acrylique font qu’elle se travaille mieux liquide. C’est une erreur fréquente de travailler avec un substrat trop peu dilué et souvent la raison majeure chez ceux qui disent « rien à faire je n’y arrive pas ! »
Le ratio sera 1:1 pour le brossage à sec, 1:3 voire plus pour l’application directe.

On essuie ensuite le pinceau sur du papier absorbant.

Là encore une erreur fréquente est de ne pas assez enlever de peinture. C’est simple il ne doit rien rester sur le papier. On voit sur cette photo qu’après 5 passages il n’y a presque plus rien. C’est encore trop !

On fait ensuite bien attention à passer les va-et-vient du pinceau perpendiculairement au relief afin de ne pas déposer de pigment dans les creux.

Ensuite vient le tour du premier éclaircissement en se rappelant de la lumière zénithale. Ici, la base est appelée B et le 1er clair C1.
On devine déjà l’accentuation du relief.

Au tour du Mithril silver qui vient en couche finale. A ce niveau on peut soit faire un brossage à sec soit, ce qui est mieux, appliquer directement au pinceau sur les pointes de lumière indiquées par des flèches.
Les dégradés que l’on voit sont bien dûs à la peinture et non pas à des artefacts de photographie !

Le bronze.
Base : Tin Bliz de Games Workshop
Clair 1 : Le bronze de chez Prince August.
Clair 2 : Éventuellement de la couleur or mais il faut y aller mollo sinon miracle, le bronze se transforme en or !

Il faut vraiment y aller doucement avec l’or pour rester dans le ton.
Avec les métaux, la dernière couche doit être minimaliste, en petites touches très fines.

L’or.
Base : Tin Bliz
Clair 1 : Shining gold
Clair 2 : Burnished gold
Avec en arrière plan le joli château de Bran (gros projet futur top secret).

J’ai du anticiper un peu sur le « caparaçon à rondelles » et le peindre avant d’appliquer l’or pour éviter les bavures. J’ai choisi une dominante orangée qui ira bien avec l’or.
Base : Rouge foncé
Clair 1 : Rouge éclairci au orange
Clair 2 : Orange vif.

L’avantage d’éclaircir le rouge au orange est de le rendre plus chaud, plus vibrant. L’éclaircir au blanc le rend rose, ce qui peut être intéressant pour une ambiance « pastel ».
Les principes de lumière zénithale sont là encore maintenus.
il faut faire très attention à travailler les clairs 1 et 2 avec de la peinture très diluée, ratio 1:4 voire plus.

D’ailleurs voici l’allure que prend la palette à partir d’une seule goutte de peinture pour chaque teinte :

Voilà, il reste l’armement, la peau et les chevaux avant d’aborder la cavalerie légère et les harmonies de couleurs.

En attendant on essaie quelques combinaisons un peu osées :

Nous en étions restés à l’armement, la carnation et les chevaux. Pour la peau, on verra avec les Touller. Les visages Museum sont en effet taillés à la serpe et les mains vraiment pataudes. Pour les chevaux on verra aussi plus tard car j’en profiterai pour faire une présentation globale avec la cavalerie légère. Sinon les lances sont sur une base de marron sable (PA 876) éclaircie au sable clair (PA837). Un simple liseré en zénithal plutôt que de faire les veines du bois. D’ailleurs quand on a vu de vraies lances en musée, les hampes sont polies, on ne voit pas les reliefs.
Voici ce que ça donne :

La disposition sur le socle est pensée pour laisser en évidence le travail des caparaçons, donc sur les côtés, et masquer les imperfections à l’intérieur.

Il ne reste plus qu’à attaquer les Touller (les pauvres), et il y a du boulot !
J’aime beaucoup ce que nous fait ce fabricant bien de chez nous. Les figurines sont la plupart du temps très bien proportionnées. Alain est un sculpteur minutieux au réel talent, très proche des sources classiques (Osprey ou WRG entre autres). Les seuls défauts sont d’une part, un gros travail de préparation pour gratter les jointures de moules et autres coulées, et d’autre part, des différences de tailles globales entre piétons et cavaliers (même si le respect des proportions est conservé). Elles demeurent totalement incompatibles avec les Xyston par exemple, magnifiques elles aussi, comme l’a justement souligné Borix.

Alain à la bonne idée de présenter quelques pièces avec le tronc et les jambes séparées ce qui permet d’orienter le buste du tireur à volonté.
Voici ma préférée, l’esquive en tirant !!!

La sous couche sera grise pour la neutralité, le surlignage devra donc être fait en plus, sûrement avec des encres.
C’est l’occasion de tester une nouveauté de chez Prince August comme le rappelait Blaad.

Les cavaliers sont collés sur des cure-dents (je fais partie de ceux qui peignent les bonshommes séparément des chevaux), le produit est passé au pinceau. Les esters sont volatils, il faut aérer le local.

La première impression est excellente, le produit sèche très vite, il est très fluide mais couvrant. Attention, pas de droit à l’erreur en ce qui concerne l’ébarbage ! On notera la magnificence de ce poney des steppes :

Il va falloir aborder maintenant une partie passionnante du travail, la recherche des couleurs et des décorations.
Pour ces dernières on a heureusement des vestiges et des Osprey ! Les bandes de parements ont des points ou ondulations ainsi que des motifs géométriques. Il y a de la documentation, ça devrait aller.

En ce qui concerne la coloration, ça va être l’occasion de présenter un outil et quelques réflexions sur les harmonies de couleur.
Je ne vais pas vous présenter la théorie des couleurs, rassurez-vous ! Ça prendrait un post complet, et des gens bien plus compétents font cela beaucoup mieux sur le net ou dans les livres. En revanche, quelques principes directeurs sont les bienvenus quand on n’a pas l’intuition géniale du coloriste ou son expérience. De plus, c’est une base de réflexion et de recherche qui donne beaucoup de satisfactions lors de sa mise en pratique.

La roue des couleurs.
L’outil en question est une roue des couleurs qui se présente comme suit:

On y retrouve les couleurs primaires (rouge, bleu, jaune) avec diamétralement opposées les complémentaires (vert, orange, violet). Plus on va vers le centre, plus on a de désaturation au blanc, plus on va vers l’extérieur plus on a de désaturation au noir. Le maximum de saturation se situe donc au milieu.
A quoi ça sert ?
En fait, si l’on se réfère à la musique, une harmonie est un ensemble de sons simultanés que la subjectivité (essentiellement occidentale) juge agréables à entendre. L’exemple type est l’accord. Sol, do et mi joués simultanément donnent un accord de do majeur. Une suite d’accords joués dans un certain ordre présentent eux-mêmes une certaine harmonie, accord de do puis fa puis sol pour le blues par exemple. On a également fait le rapprochement entre harmonie musicale et structure des sons en se rendant compte que ceux-ci émettent des fréquences simultanées et que leur combinaison a des propriétés globales utiles pour définir des règles d’utilisation.
Et bien pour la couleur c’est (presque) pareil ! Et la roue en question va nous servir de solfège à peinture !
Il sera question de présence simultanée de couleurs différentes qui vont bien ensemble à partir de principes harmoniques généraux. Il est bien évident qu’il ne s’agit pas d’une règle absolue, encore moins d’obligation !
Considérez plutôt ce qui va suivre comme une source d’inspiration et surtout un prétexte à chercher, explorer.
Dans le même ordre d’idées, certaines armées imposent un choix de couleurs spécifiques. Il est alors évident que les harmonies devront plutôt s’appuyer sur des variations subtiles, en cherchant par exemple une cohérence de saturation.

Schéma de couleurs monochromes.

On utilise des variations d’intensité et de saturation sur une couleur pour donner un effet clair et élégant.

Schéma de couleurs par analogies.

On utilise des couleurs adjacentes sur la roue. Une d’entre elles est dominante, les autres l’enrichissent.
Similaire au monochrome mais avec plus de nuances.

Schéma de couleurs par complémentaires.

On utilise des couleurs opposées sur la roue. Très puissant pour jouer des contrastes.

Schéma de couleurs par complémentaires séparées.

Comme le précédant, en rajoutant des nuances adjacentes à la complémentaire. Plus de nuances.

Schéma de couleurs par triades.

La réunion de trois couleurs forme un triangle équilatéral ou isocèle. Pour ma part c’est la plus utilisée. Très équilibrée, attention aux abus !!!

Schéma de couleurs par tétrades.

Il s’agit d’une harmonie par doubles complémentaires. Difficile à équilibrer mais d’une grande richesse.

À titre d’illustration, je vous propose d’étudier d’un peu plus près quelques exemples auprès d’une référence quasi absolue en la matière : Le très grand Angus McBride. Cet homme avait un génie de la coloration et du rendu d’atmosphère. Regarder de plus près son travail est très instructif.

Il met en évidence la coiffe par une triade qui composée de couleurs désaturées dans le sombre. Efficacité absolue. Une grande complexité des jaunes.

Atmosphère par désaturation au noir. Encore une triade remarquable d’équilibre.

Beaucoup de luminosité. Les rouges sont désaturés au blanc ce qui montre bien que désaturation ne signifie pas absence de lumière. Le blanc est présent ailleurs (dans les bleus et verts) ce qui équilibre l’ensemble.

La petite bande bleue fait contraster les jaunes, eux mêmes harmonisés avec les violets-rouges. De la grande classe. Une puissance incroyable dans une grande sobriété.

Un grand classique bleu-jaune-violet. Le bleu est celui du métal. On peut en mettre dans nos métaux à nous mais attention au dosage…

Bon et bien il ne nous reste plus qu’à s’y mettre… On sera loin de ce très grand monsieur mais son legs nous accompagnera !
Je fais des essais avec la peau. C’est un domaine très difficile ! Surtout après une longue période d’a-peinture…

Quelque chose qui fonctionne pas trop mal :
Une base marron orange (PA 981)

éclaircie au chair claire (PA 928)

avec une dernière touche au chair claire pur sur les deltoïdes, pectoraux, pointe du nez et pommettes :

Il faudra sûrement surligner ensuite avec un wash du genre encre chair ou acajou. L’encrage acajou s’est en effet révélé utile. En plus de surligner les jonctions peau-vêtement cela a permis de fondre les teintes.

Si l’on compte la couche de base + les deux éclaircies + le lavis ça fait quatre applications ce qui fait beaucoup.
On doit pouvoir en rester à la base + lavis + éclaircie en dosant bien cette dernière.
Voici les teintes que j’ai utilisées pour chercher:

De gauche à droite :
Marron orange (PA 981), Chair claire (PA 928), Acajou transparent (PA 828), Tallarn Flesh (GW fondation), Chair de base (PA815), Encre chair (PA Games G93).

L’allure de la palette :

Et du laboratoire :

Vous voyez qu’il y a du tâtonnement et pas de recette miracle.

On passe à la pilosité…
Les Scythes sont décrits comme « blonds » par Hérodote, ce qui correspond assez au type indo-iranien-aryen. On va donc en faire quelques uns.
L’idée est de partir sur une base marron-orange et d’éclaircir légèrement par brossage en beige. Les contrastes forts orange-jaune purs manquent de réalisme et donnent un effet artificiel.
On peut varier en ajoutant du marron-rouge à la base.

En gros plan les éclaircies paraissent grossières et exagérées. C’est voulu. Plus la figurine est petite, plus les surfaces de réverbération ou de réflexion le sont. Il faut donc magnifier l’effet.

Pour les cheveux noirs, la base est en marron foncé avec une pointe de noir, l’éclaircie est un mélange de gris et de beige. On peut également comme ici, bleuter les reflets avec un peu de gris-bleu.

Éclaircir au blanc pur vieillit considérablement le personnage…

Pour la densité de la peinture et les proportions eau/peinture: J’ai essayé de compter les gouttes. Ça ne marche pas (pas avec moi en tout cas). Cela dépend trop des différences de peintures, des marques, couleurs etc. En gros je teste sur la palette humide: crème-yaourt liquide pour la base, sirop-chocolat chaud pour les glacis voire un peu plus liquide. Globalement un pour un ou 2 unités d’eau/une unité de peinture pour la base. De deux à quatre fois plus pour les glacis.

On va pouvoir aborder la mise en couleurs.
J’ai suivi pour l’essentiel ce qu’on trouve dans les publications Osprey et Montvert, sachant que quelques sources comme les instituts historiques Iraniens ou Russes mentionnent l’utilisation de la couleur rouge et les parements d’or pour les nobles ou les castes guerrières. Comme tout le monde allait au combat (jeunes et femmes inclus) ça donne de la marge.
Nous avons donc les teintes suivantes:
Tunique : Rouge, marron, jaune/ocre, bleue, verte, violacée.
Pantalon : idem
Bonnet : essentiellement des cuirs/peaux teintés (jaune, rouge, variations de bruns).

J’ai choisi de jouer sur les contrastes par complémentaires (couleurs diamétralement opposées sur la roue de couleurs), et de privilégier les mêmes saturations par figurine (vivacité de la teinte). Les distinctions tuniques pantalon sont ainsi bien définies et l’harmonisation d’ensemble se fera avec les éclaircissements.
Il y a encore pas mal de tâtonnements mais le rendu global est assez intéressant.

Pour les bleus:

Nous avons un bleu moyen, un autre assez saturé (vif) et un autre désaturé au noir/gris (sombre).

Les oranges et jaunes le sont dans les mêmes proportions. autrement-dit, vif avec vif, sombre avec sombre.
Par sombre, j’entends l’éclat et non pas la teinte foncée ou claire.

Un soin particulier est apporté à l’application de la couche de base, elle sera en effet le support des glacis ultérieurs et doit donc être uniforme. La consistance est crémeuse sans être trop liquide, comme un velouté pas un bouillon !

Idem pour les rouges et verts:

On notera la nouvelle arme en cas d’arc brisé: le lance-pierres de combat…
L’idée générale est la même que pour les autres couleurs en ce qui concerne les choix d’harmonisation (contrastes et saturations).

Un essai monochrome :

Avec les violets:

L’idée est d’avoir de la variété à l’intérieur d’un même schéma de couleurs.

Ici on a un bel exemple de la manière de faire ressortir une teinte (les cheveux) par l’utilisation de la complémentaire (jaune-violet). On remarquera que l’opposition sombre-clair n’est pas forcément plus spectaculaire.

Une fois que toutes les couches de bases sont faites, on peut se donner une idée d’ensemble et chercher les distorsions trop massives ou réfléchir à la manière d’éclairer pour donner une unité.

Ensuite viennent les éclaircies. La peinture doit être aqueuse, vraiment liquide. On essuie le pinceau pour enlever l’excès et éviter que la couche glisse dans les creux. C’est l’étape clé qui détermine la qualité générale.
On n’a pas le choix, il faut s’entrainer sans arrêt pour trouver les bons dosages eau/peinture.
Les figurines de gauche sont éclaircies en rajoutant du bleu clair dans la base, celle de droite avec du blanc cassé. J’utilise très rarement les noirs et blancs purs.

Les rouges peuvent être éclaircis au jaune ou au blanc-jaune pâle. Le résultat est soit de la chaleur orangée, soit une « pastellisation » au rose.

Le jaune est éclairci au jaune clair, avec une toute petite pointe de vert, imperceptible mais efficace.

Les motifs du « lance-pierres » ne conviennent pas, ils seront repris.

Un rouge chaud (à droite) et un autre froid (à gauche) avec des rappels de couleurs de part et d’autres.
L’intérêt est limité j’en conviens mais on a bien le droit de s’amuser un peu non ?

Du violet clair ou du jaune très pâle dans le violet de base conviennent très bien.

Les marrons et ocres sont traités au blanc cassé avec toujours un tout petit peu de jaune ou de rouge pour ne pas les faire verdir.

Voilà ce que donne l’éclairage zénithal. Si on incline une figurine pour voir dessous, il n’y a rien d’autre que la couche de base.

L’allure de la palette. Les couleurs d’éclaircies sont à droite.
Toujours le même principe :
– Couleur de base.
– C1 : Base + un peu de très clair.
– C2 : C1 + un peu plus du même très clair.

Le rendu global n’est pas trop mauvais. Des nuances sans le cirque Barnum.

Et les voilà prêtes pour l’étape finale :
La déco !
C’est bientôt noël, ça tombe bien.

On s’occupera des chevaux ensuite. Gros gros boulot en perspective…

LES CHEVAUX

Les couleurs de base pour un bai marron doré :

Un premier passage. Le noir est en fait du marron foncé avec une pointe de noir. Les chevaux bais ont les bas de jambes noirs.

On rajoute du jaune pour le clair 1 dans les deux couleurs, celle du pelage et celle des crins.

Un peu de jaune dans C1 pour avoir C2.

On termine vite fait les brides et la couverture. Un léger surlignage est fait à l’encre marron.

Les chevaux bais.
Les couleurs de robe vont de marron foncé à doré en passant par des marrons rougeâtres. Bref, toutes les gammes de marron sont utilisables.
Ce qu’on retiendra :
Les poils (crinière + queue) sont toujours noirs ou marron très foncé.
Les bas de jambes sont noirs.
Les balzanes et marques en tête sont possibles et fréquentes.
s’il y a des marques blanches, la peau à proximité est rose et les yeux clairs, sinon la peau et les yeux sont foncés.
Sous les balzanes les sabots sont clairs.

Voici la palette d’essai :

La base est appliquée comme d’habitude, assez diluée. On peut déborder de toutes façons on repassera la sellerie et le harnachement plus tard.
Les couleurs sont claires et manquent de brun pur, on fera une autre série.
Le noir pur est là encore peu utilisé tel quel. Comme le blanc ce sont des teintes extrêmes utilisées pour les assombrissements ou éclaircissements ultimes.

Le premier éclaircissement sert à sculpter les muscles, un peu d’ocre ou de marron sable éclaircit les crinières et queues.

Le deuxième éclaircissement se fait par pointes fines sur les hauts de bosses.
Un peu d’ivoire pour le C2 sur les poils.
Les 1er, 3e et, 4e rendent vraiment bien. Les autres sont un peu jaunes.

On rajoute les balzanes et les marques en tête. Le l’ocre puis de l’ivoire pour éclairer suffisent.
Le rose est un PA 944 (vieux rose) éclairci ensuite.

On commence à avoir une belle gamme.
La sellerie et les lanières sont choisies pour leur contraste bien sur.

Restent les alezans, noirs, gris et blancs. Il y a les « palominos », et « dun » également ainsi que quelques orangés de type « przewalski », on verra plus tard

Les chevaux alezans.
Pour le pelage on a le choix, des bruns, roux, jusqu’au crème.
Les crins ne sont jamais plus foncés mais peuvent être plus clairs.
Balzanes et marques en tête fréquentes.
La peau est foncée sauf près des taches blanches où la dépigmentation peut être rosée.
Les bas des jambes peuvent être plus clairs également que la robe de base.
Quelques exemples :

Voilà, encore un blanc et un noir et on dira que ça va.

On arrive à la fin…
Quelques noirs, un chaud et un froid :

Des essais de blanc. On peut faire mieux mais avec la sellerie terminée ça devrait bien rendre :

Voilà, je termine le harnachement, un exemple de soclage, et hop fin du tuto !

Base = La couleur de base, la première, le rond du dessus.
C1 = la première éclaircie donc la deuxième couche, donc le rond du milieu.
C2 = La deuxième éclaircie. Donc le 3e rond celui du dessous.
Je fais souvent C1 en prenant la couleur de base puis en lui rajoutant du clair. Idem pour C2 à partir de C1.

J’ai cité ceux qui passent une base, puis qui assombrissent et qui éclaircissent ensuite. Pour ma part c’est (presque) toujours base, puis C1 puis C2.

Sinon pour finir, et bien on va socler !
Les voilà qui attendent :

Voici les teintes et de la roche liquide de chez Prince August. A noter que Pébéo en fait aussi (texture au mica) pour bien moins cher… (Vu chez Cultura).

Pour les hautes herbes voici un petit truc. On prend de la filasse ou des herbes de chez les modélistes. On tortille un peu pour amincir le brin. On colle à la cyano au milieu.
On coupe et y’a plus qu’à planter !

La roche liquide est appliquée au pinceau. C’est de l’acrylique on peut donc nettoyer les sabots au pinceau mouillé si on a trop débordé.
On plante les herbes dans le frais.
On attend que ça sèche complètement.

Ensuite, on passe le marron sable en lavis. Ça ne sert à rien ce coup ci d’appliquer une couche trop couvrante. On veut du dépôt dans les creux et de toutes manières on brossera à sec dessus.

Un brossage à sec de marron liège.

Puis de sable clair.

Ensuite vient l’herbe.
Attention à ne pas oublier d’en mettre sous les chevaux et de ne pas mettre les cailloux devant leurs sabots ! Le visuel s’en moque parfois, l’inconscient jamais !

Tout cela est affaire de goût. J’aime bien les socles clairs pas trop chargés.

Voilà la bande :

Dernière chose, une excellente référence :